Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, une petite précision pour tous les amateurs des simulations de vie de fermier :
Story of Seasons est en effet un nouvel épisode de la licence
Harvest Moon, mais il a du opter pour un nom différent à cause d'un problème de droit. Les habitués de cette longue série ne devraient donc pas être trop dépaysés puisqu'ils y retrouveront un bon nombre d'éléments déjà connus, à commencer par un scénario qui ne sert en fait que de prétexte. Le personnage principal – au joueur de faire son choix entre un homme et une femme – vient tout juste d'être embauché en tant que fermier dans le petit village du Chêne. Un patelin assez triste puisqu'il n'y a pas grand chose : quelques fermes, deux ou trois commerces et basta. Les villageois sont certes sympathiques, mais il ne suffisent pas à rameuter des touristes ou même des marchands ambulants venant d'autres pays. C'est donc au joueur de relever le défi, en exportant le plus possible de produits de qualité afin de faire connaître le village dans le monde entier et le faire revivre. Et il y a du boulot.
Oracle of Seasons
Heureusement, pour relever ce défi titanesque, ce
Story of Seasons se dévoile petit à petit au joueur, histoire qu'il s'habitue à un élément avant de se lancer dans un autre. Et on le comprend dès le départ, puisque cet épisode propose un tutoriel d'environ une heure avant de lâcher le nouveau venu dans sa ferme personnelle. Avant cela, il suivra les leçons d'une certaine Eda, la grand-mère en titre du village, qui lui offrira même quelques outils et une vache laitière afin de démarrer cette nouvelle vie dans les meilleures conditions possible. Le but est simple : produire le plus possible histoire de vendre le plus possible et tenter de se diversifier au maximum. Car le début de l'aventure est en fait extrêmement limité. En effet, le joueur ne peut au départ que traire sa seule et unique vache et ne planter que deux sortes de légumes différents. Mais comme ces derniers mettent plusieurs jours à pousser, il s'agit de trouver d'autres petites choses à vendre. Heureusement, cet épisode ne se montre pas bien méchant et il suffit de se baisser pour récupérer des objets divers et variés : mauvaise herbe, rochers, bûches, poissons, fleurs, etc. Même en période de disette dans la ferme, les manières de se renflouer ne manquent donc pas. Il s'agit simplement de prendre en compte les jours de marché. Car le joueur ne peut rien vendre aux commerçants du coin, seulement aux marchands ambulants.

Ces fameux marchands représentent d'ailleurs un point essentiel dans ce jeu, car ce sont eux qui permettent en fait de faire évoluer la ferme. D'une part, avec ce qu'ils achètent au joueur. Comme dit précédemment, ces visiteurs achètent absolument tout, le petit twist c'est qu'ils payeront plus ou moins en fonction des semaines. Par exemple, ils pourront proposer deux fois plus pendant une semaine sur les poissons, et la semaine suivante demander en priorité d'exporter des épices. En plus de cet élément, chacun a des requêtes variées : 5 œufs, 10 navets, 2 saumons... Au départ, un seul marchand est disponible, c'est donc plutôt simple. Mais d'autres commerçants se rajoutent au fur et à mesure, et il s'agit alors de gérer correctement son inventaire histoire d'être sûr de satisfaire tout le monde. D'autant plus que des récompenses bienvenues sont offertes au fermier s'il accomplit ces fameuses requêtes. Il s'agit donc d'un élément à ne clairement pas prendre à la légère, puisque l'on peut alors obtenir des objets (transformés ou non) que l'on ne pourrait pas avoir autrement. Les enjeux n'ont certes rien à voir avec un vrai jeu de gestion, mais rajouter un tel élément apporte clairement un vrai plus à ce titre, d'autant plus qu'il est bien fait et s'implante parfaitement dans cet univers.

I feel so story
Mais comme tout bon marchand qui se respecte, ces gens-là ne font pas qu'acheter : ils vendent aussi. Et ils vendent tous plusieurs choses différentes, comme par exemple des objets divers et variés (matériaux, aliments, graines, outils, etc), des recettes de cuisine ou encore des plans permettant de construire toutes sortes de choses (banc, cuisine, puits, fromagerie...). Certains permettent même d'acquérir des animaux différents plus ou moins utiles pour la ferme, comme par exemple des poules (qui donnent des œufs), des lapins (de la laine), des chats ou encore des brebis, voire même de faire féconder l'une des femelles appartenant déjà au joueur. La bête reste enceinte pendant trois semaines, elle est donc ''inutilisable'', mais au moins le tout est gratuit, ce qui n'est donc pas à négliger au vu du prix de certains animaux. Par ailleurs, chaque pays a ses spécialités, comme par exemple les recettes au fromage pour le Pays des Chalets ou les sacs de riz pour le Pays des Sakuras, il s'agit donc d'aller voir un peu partout afin de trouver son bonheur. Et, bien entendu, plus le joueur achète d'objets et plus les marchands proposeront de nouvelles choses. Ce qui est également vrai lors des changements de saisons, puisque qui dit nouvelle saison dit nouveaux fruits et légumes à faire pousser. Précisons tout de même que le jeu ne se déroule pas en temps réel, mais qu'il a son propre cycle, une journée dans ce titre correspondant grosso modo à 30 minutes dans la vraie vie de la vérité véritable.

Vous l'aurez compris : il y a tout un tas de choses à faire dans
Story of Seasons. Mais n'allez pas croire que vous allez pouvoir faire absolument tout ce que vous voulez, car deux éléments vont vous en empêcher. Ce qui est à la fois assez relou et extrêmement intelligent, puisque le joueur doit alors hiérarchiser ses priorités sur une journée. Le premier d'entre eux est le temps, tout simplement. Si en début de partie les tâches ne se bousculent pas au portillon, les journées commencent petit à petit à passer beaucoup trop vite. Entre le travail au champ, l'élevage des animaux, le marché, les concours ou encore l'excursion au safari (qui se débloque au bout d'un moment) pour aller miner des pierres précieuses, le joueur a rapidement bien envie de réclamer quelques heures supplémentaires afin d'aller discuter avec les villageois, histoire de copiner et pourquoi pas de pécho. Car oui, il est possible de se marier et d'avoir des enfants dans ce titre, mais il faut s'accrocher car les relations progressent assez lentement. Et, surtout, il s'agit de ne pas traîner trop longtemps dehors le soir, car un fermier a besoin d'un certain nombre d'heures de sommeil pour être en forme.

Et une 4 saisons pour la 10, une !
Ce qui nous amène donc logiquement au second élément empêchant le joueur de faire tout et n'importe quoi pendant une journée : le statut. Celui-ci se décline de deux manières différentes, à savoir la santé et l'énergie. La première se présente sous forme de smileys qui changent si le personnage est en excellente forme, un peu raplapla ou carrément malade. Dans ce cas-là, l'énergie baisse malheureusement beaucoup plus rapidement. Et c'est cette énergie qui lui permet d'effectuer toutes sortes d'actions. Traire une vache, arroser des plantes, pêcher, abattre un arbre... Toutes les actions physiques vont piocher dans cette énergie, symbolisée par des petits cœurs, et fatiguent plus ou moins le personnage : la pêche est par exemple bien moins fatigante que le fait de briser un rocher avec une masse. Les outils sont d'ailleurs importants, puisque plus ils sont perfectionnés et plus ils seront rapides. Et, forcément, moins ils consommeront d'énergie. Si par malheur cette dernière tombe à zéro, le héros tombe dans les pommes et se réveille à la clinique. Ce qui n'est pas bien grave en soi, les soins étant alors gratuits, mais ce souci fait du coup perdre une journée entière de travail, ce qui est assez rageant. En dehors du sommeil, consommer des aliments ou des plats (au restaurant ou cuisinés soi-même) permet de regagner quelques cœurs bienvenus.

Story of Seasons a donc tout un tas de bonnes idées bien réalisées ainsi qu'un contenu gargantuesque – tant que l'on ne peut pas tout citer ici. Malheureusement, il n'est pas non plus exempt de défauts. A commencer par sa lenteur de tous les instants et dans tous ses aspects, même s'il s'agit la plupart du temps de respecter un certain réalisme. C'est bien simple : il faut se montrer extrêmement patient pour tenir sur la longueur. Les légumes mettent plusieurs jours – voire plusieurs semaines – à se développer, les bêtes enceintes le restent pendant quelques semaines, les vendeurs se débloquent au compte-goutte, de nombreux éléments à construire nécessitent des matériaux qui ne se trouvent pas tous les jours (voire même quasiment jamais, comme l'or), les relations mettent une éternité à évoluer... Bref, si l'on apprécie le principe de proposer chaque élément petit à petit, un peu plus de rapidité n'aurait pas été de trop. D'autant plus que ce problème en entraîne un autre : le joueur tombe rapidement dans un certain train-train quotidien. On se lève à 6h, on arrose les plantes, on cajole les animaux, on ramasse des matériaux sur le sol, on va taper la causette à quelqu'un, on va exporter nos produits au marché, on cuisine un peu et on va se coucher. Et le lendemain, c'est la même chose, encore et encore. Jusqu'au jour où, jouissance ultime, on récupère le matériau qu'il nous manquait pour construire cette fameuse fromagerie qui nous faisait de l’œil depuis deux saisons. Joie ! On va pouvoir exporter encore plus de choses et tester de nouvelles recettes !

Oui, c'est à peu près cette réaction à chaque fois : les récompenses sont tellement rares que, lorsqu'on les obtient, on en pleurerait presque de joie (comme avec ce cheval que l'on récupère assez vite et qui nous permet de nous déplacer bien plus rapidement). En tout cas pour ceux qui accrochent au genre, évidemment. Ces joueurs là passeront alors plusieurs dizaines d'heures en compagnie des habitants du Village du Chêne puisque, vous vous en doutez, la durée de vie se montre infinie. Heureusement, ces heures de dur labeur seront accompagnées d'une patte artistique très mignonne et très enfantine, de décors plutôt réussis et de musiques douces et zenifiantes à souhait, correspondant tout à fait au style de ce
Story of Seasons. Cerise sur le gâteau, le tout est intégralement traduit en français, ce qui permet donc à tous types de joueurs de s'essayer au charme relaxant de la campagne (sans les mauvaises odeurs, ouf)...