Après une courte cinématique d’introduction,
La Malédiction du Serpent, puisque tel est le nom de cet épisode, met rapidement en scène le cultissime Georges Stobbart, américain vivant désormais à Paris. Ce dernier, devenu entretemps agent d’une compagnie d’assurance, assiste au vernissage d’une exposition aux côtés de Nicoles Collard, sa jolie amie journaliste. Mais évidemment, rien ne se passe comme prévu puisqu’un braqueur débarque soudainement pour voler un tableau baptisé « La Malediccio » et tuer au passage le gérant de la galerie. Le blondinet va donc s’empresser de mener l’enquête afin de retrouver le coupable et l’envoyer fissa en prison. Des investigations qui vont le mener à rencontrer des gens hauts en couleurs, à Paris et à Londres, et qui vont l’embarquer dans une histoire qui va finalement bien au-delà d’un simple vol de tableau accompagné d’un meurtre…
Serpent à plumes
Avec ce
Chevaliers de Baphomet,
Revolution Software renoue avec ce qui fait tout le charme d’un point’n’click. Les personnages évoluent donc dans des décors 2D, le joueur devant les faire interagir avec des PNJ ou des éléments du décor, pour ensuite résoudre des énigmes en combinant parfois des objets entre eux. Et là, un premier constat peut être tiré : c’est facile, terriblement facile. Ici, contrairement à d’autres licences, pas de combinaisons tordues à réaliser, tout est très logique. Si les nouveaux venus pourront donc faire ce titre sans être frustrés par une difficulté abusée, les vieux de la vieille seront en revanche un peu déçus. Et encore, s’il ne s’agissait que de la simplicité des énigmes ! Car les développeurs ont inclus des tas de petites aides. Ainsi, Georges distille quasiment tout le temps des indices sur ce qu’il faut faire, et lorsque le joueur prend un objet dans son inventaire, seuls ceux avec lesquels ce dernier peut être combiné restent en surbrillance. Difficile donc de rester bloqué bien longtemps. Au moins, le tout a le mérite d’être plaisant à exécuter, et c’est déjà mieux que d’autres point’n’click qui proposent des énigmes ennuyeuses. Espérons donc tout de même que cette première partie, l’épisode sortant en effet en deux parties et la seconde étant prévue pour janvier, ne soit finalement qu’une mise en bouche pour ensuite proposer une difficulté accrue.

Heureusement, si la difficulté des énigmes et des quelques mini-jeux s’avère être quelque peu décevante, l’enrobage du soft convainc déjà beaucoup plus. Ainsi, l’histoire est bien moins simple qu’il n’y parait et l’on se prend aisément au jeu de l’enquête, prenant un peu plus la forme d’une enquête policière qu’autre chose. Toutefois, les termes habituels de la série, à savoir les conspirations, les religions, etc, seront bien plus présents dans la suite, ou du moins c’est ce que promet la fin de cette première partie. Les personnages sont quant à eux très bien travaillés, à commencer par Georges et Nico, fidèles à eux-mêmes, à savoir le premier cynique et ayant toujours le mot pour rire, la seconde curieuse et pouvant se montrer séductrice quand il le faut. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, avec des policiers visiblement pas tous seuls dans leur tête, un curé parano ou encore un serveur de café agréable comme seuls les serveurs parisiens savent l'être. Les dialogues sont tous très bien écrits et bourrés d’humour, comme cette série sait si bien le faire. Bref, les énigmes un petit peu en deçà de ce que des vieux de la vieille du point’n’click peuvent attendre sont rattrapées par un scénario et des personnages passionnants et hauts en couleurs.

Avez-vous vu un claown ?
Techniquement parlant, inutile de le nier : le jeu est magnifique. Les décors 2D sont tout simplement sublimes et très colorés. Le Paris imaginé par les développeurs n’a évidemment rien à voir avec la capitale que l’on connait et c’est avec un immense plaisir que l’on parcourt des rues propres, vides, avec le chant des oiseaux, le tout porté par des immeubles et boutiques d’un autre temps. Les intérieurs sont également bien travaillés, avec moult décors (mention spéciale pour la boutique de Fleur, magnifique). Les personnages sont pour leur part en 3D avec des couleurs plus pastelles, un contraste qui risque de ne pas plaire à certains, même si ces derniers s’implantent finalement assez bien dans les environnements. Il y a cependant un petit bémol concernant leurs animations. Si celles des deux héros sont plutôt fluides, ils mettent parfois un certain temps à se mettre en route, un peu exaspérant lorsque beaucoup d’endroits d’un tableau sont cliquables ou que l’on a beaucoup de dialogues en vue.

C’est également très énervant quand on doit aller d’un endroit à l’autre, sachant que Georges et Nico se déplacent avec le rythme d’un escargot dans le coma. C’est d’autant plus exaspérant si l’on doit faire des allers-retours. Plutôt énervant, mais pas de quoi entacher le plaisir de jeu non plus. Un plaisir malheureusement assez court, cette première partie se terminant en environ 5 heures seulement. Enfin, les musiques sont assez réussies, tantôt calmes tantôt plus excitées lorsque quelque chose de grave se passe, et le doublage français également (en dehors de la scène d’intro), avec en prime les doubleurs d’origine. Un petit clin d’œil bien agréable qui s’ajoute à quelques autres disséminés çà et là dans le jeu (par exemple la jaquette d’un autre épisode caché au milieu d’œuvres d’art, etc).