Tales of Zestiria propose au joueur de suivre les aventure de Sorey, jeune homme habitant depuis toujours avec des séraphins, des êtres magiques invisibles pour les humains ''normaux'' – comprenez par là ceux qui n'ont pas le cœur pur. Bien loin de ses congénères, il mène une vie paisible jusqu'au jour où il découvre Alisha, une humaine s'étant aventurée dans les ruines que Sorey et Mikleo, son séraphin de meilleur ami, aiment visiter lorsqu'ils s'ennuient. Seulement voilà, peu après le départ de la donzelle, les deux héros font face à un ennemi puissant qui en a manifestement après elle. Ils n'hésitent donc pas une seconde et descendent fissa dans le monde des humains, ce qui va bien entendu les entraîner dans une aventure épique. Entre la transformation de Sorey en « berger », élu d'une prophétie ayant la lourde tâche de purifier le monde de la malveillance, et la rencontre avec moult personnages hauts en couleurs (séraphins et humains), ils ne vont pas s'ennuyer une seule seconde.
Sorey entre potes
Contrairement aux derniers épisodes en date,
Xillia et sa suite,
Zestiria opère un radical retour en arrière concernant son background : adieu en effet les machines modernes, les fans retrouveront un univers médiéval fantastique, vaguement inspiré de la légende du roi Arthur. Un choix qui n'a finalement rien d'étonnant, le but de cet épisode anniversaire étant de créer un pont entre les vieux opus et les plus récents. Et ça marche ! Les fans de la série retrouvent en effet avec plaisir les chevaliers, les châteaux forts et autres ruines associées aux différents éléments (feu, eau, terre, air). En revanche, il faut une fois encore faire l'impasse sur l'aspect open world, qui semble désormais bel et bien enterré pour cette série. Comme pour les derniers épisodes, les joueurs se rendent donc d'un point A à un point B via de longs couloirs cloisonnés par des murs invisibles. Seule consolation, ces passages se montrent tout de même plus vastes que ceux des derniers épisodes, réduisant quelque peu cette impression de couloir.
La série des
Tales of est connue pour son système de combat particulièrement agréable et dynamique.
Tales of Zestiria n'échappe pas à la règle et propose l'un des meilleurs – ce qui n'a rien d'étonnant puisqu'il va piocher dans ce qui se fait de mieux dans les autres opus. Dans les affrontements en temps réel, le joueur alterne entre les attaques physiques et les artes, tout en faisant attention à garder suffisamment de points dans sa jauge de CS (chaîne spirituelle). Si cette dernière tombe à zéro, le héros ne peut plus faire grand chose. Le titre incite donc à esquiver entre deux attaques histoire de récupérer quelques points et ne pas bourriner comme un benêt, ce qui rend donc le tout bien plus technique. Ce n'est d'ailleurs pas tout, puisqu'il faut aussi prendre en compte les différentes affinités et les différents éléments afin de prendre le dessus sur un ennemi, à la manière d'un pierre-papier-ciseau. Un aspect important à assimiler puisque, bien maîtrisé, il permet de frapper directement la faiblesse d'un ennemi ou même stopper son attaque.
Zestiria ou ira pas ?
Autre élément : le nombre de JP (jauge de puissance). La jauge de CS n'est en effet pas la seule à garder à l’œil, cette seconde ayant aussi une utilité certaine. Elle a en effet différentes utilités : lancer des artes mystiques, conclure un combo avec un coup plus puissant ou encore fusionner avec un séraphin. Car c'est certainement là la nouveauté la plus intéressante de cet opus, à savoir que les humains combattent aux côtés de séraphins mais qu'il est possible de les faire fusionner grâce à la technique de l'armatus. Sorey se dote alors du pouvoir élémentaire de celui avec qui il est lié (feu, eau...) et dispose d'attaques bien plus puissantes, dont un pouvoir de régénération bienvenu lors d'affrontements un peu plus tendus. En contrepartie, le nombre de combattants sur le terrain se réduit et, surtout, il faut faire l'impasse sur la vitesse car les attaques sont bien plus lentes, certaines devant même se charger un court instant. D'une simple pression sur le bouton dédié, Sorey peut donc fusionner ou ''défusionner'' avec un séraphin, voire même choisir celui qu'il désire en fonction de l'élément désiré. Car le nombre de combattants sur le terrain est lié au nombre d'humains, un séraphin ne pouvant combattre qu'aux côtés d'un humain. Ainsi, il ne faut compter que sur deux combattants lorsque le héros n'a pas de compagnon, et sur quatre lorsqu'il est accompagné d'un autre humain.

Mais pour survivre dans le vaste monde, c'est bien connu : il faut un équipement de pointe. Et, là encore,
Tales of Zestiria fait dans la nouveauté en proposant différentes petites choses à assimiler afin d'opter pour les meilleurs pièces. En premier lieu, les capacités. Chaque objet possède en effet différentes capacités visibles sur une grille, le but étant de remplir au mieux les colonnes ou les lignes afin de débloquer des bonus, d'améliorer des stats ou encore obtenir des skills. Une variante consiste à fusionner deux pièces d'équipement possédant le même nom, histoire d'obtenir quelque chose de plus complet et de plus puissant. Bref, différents éléments qui évitent de se rendre trop souvent dans les boutiques, d'autant plus que ces dernières possèdent des menus pas franchement ergonomiques. Si dans les autres épisodes on se rendait compte d'un simple coup d’œil si un objet était plus ou moins intéressant, c'est beaucoup moins lisible ici. Et ce malgré la présence de l'onglet « essayer », bien plus pratique que le simple onglet « acheter ».
Should I be Sorey ?
Même les objets de soin ne seront plus un prétexte pour aller se renflouer chez le marchand, et ce pour une raison simple : les capacités passives des personnages. Chaque membre de l'équipe dispose en effet d'un petit bonus à choisir parmi une liste se renflouant au fur et à mesure de la progression dans le jeu. Certains sont ainsi capables de trouver des trésors, d'autres de préparer des en-cas ou des items de soin, de soigner l'équipe rien qu'en marchant ou de trouver de l'argent à intervalles réguliers. Autant dire que les achats de gelées de pomme se font plus rares dans cet opus que dans les autres... Une autre capacité passive intéressante est la détection de normins. Il s'agit en fait de petites bestioles magiques capables de renforcer les stats d'une pièce d'équipement pour ensuite aller servir le seigneur de la terre où il a été récupéré. Une fois ''embauché'' par ce seigneur (un séraphin), il augmente les chances d'obtenir de l'équipement en lien avec son genre (attaque, défense, etc.) tout en renforçant la puissance des ennemis de la zone, ce qui est un bon moyen de gagner de l'expérience plus rapidement.

Là où
Tales of Zestiria pèche grandement, en revanche, c'est bien entendu sur son aspect technique. Il n'aura échappé à personne que cet opus est clairement en retard sur son temps. Si les différents personnages sont bien modélisés, avec des vêtements bourrés de petits détails, les environnements sont désespérément vides, les textures baveuses et la distance d'affichage affolante. Il n'est ainsi pas rare de voir poper un ennemi directement devant le héros... pour disparaître tout aussi sec, sans raison apparente. Mais le plus gros problème de cet épisode est clairement sa caméra, qui se montre réellement insupportable pendant les combats. En effet, ces derniers s'enclenchent directement sur la map explorée, sans transition. Si cet aspect permet de gagner en fluidité, il empêche en contrepartie bien souvent d'avoir une arène digne de ce nom (sauf pour les boss). Et, fatalement, certains endroits ne s'y prêtent pas forcément, comme les couloirs étroits d'un donjon. Dans ce cas là, non seulement l'équipe est coincée entre les adversaires et le décor, mais en plus la caméra se plante bien souvent dans des endroits farfelus, rendant l'action parfois totalement illisible. Malheureusement, ce problème est récurrent et même la possibilité de dézoomer la caméra ne permet pas d'obtenir un résultat 100% satisfaisant.

Mono Mikleose
Heureusement, tous ces défauts sont rattrapés par une direction artistique réussie, ainsi que par un scénario sympathique. A ce niveau là d'ailleurs, et sans rentrer dans la polémique créée par les japonais vis à vis du personnage d'Alisha, sachez que son départ est tout à fait justifié par l'histoire et que le personnage la remplaçant apparaît assez souvent en amont pour ne pas donner l'impression au joueur qu'elle débarque de nulle part. Mais si vous êtes tout de même déçus, sachez que vous pouvez retrouver un DLC (gratuit jusqu'à la mi-novembre) narrant l'histoire d'Alisha sur le site de
Namco Bandai, à récupérer dans la zone VIP. En dehors de ça, la narration est classique mais soignée, les cut-scenes et saynetes sont plutôt nombreuses et bien menées, et les héros, bien que clichés pour certains, sont assez attachants. Le tout est porté par des dialogues au doublage convaincant (japonais ou anglais), et sans coquilles dans les sous-titres français s'il vous plaît, ainsi que par une B.O. franchement kiffante. Bref, autant dire que l'on passe avec un certain plaisir les 40 heures requises pour terminer le titre en compagnie de Sorey, Mikleo et tous les autres, même si l'on n'échappe parfois pas aux traditionnels allers-retours inutiles...