Se situant entre le deuxième et le troisième film,
Rogue City débute alors qu’un nouveau criminel, dont l’identité et les projets sont inconnus, débarque en ville. Robocop et Lewis sont donc envoyés en mission pour enquêter et découvrir ce qui se trame auprès des gangs locaux. Si nous pouvions nous attendre à un jeu bourrin (et il l’est, dans une certaine mesure), ce nouveau
Robocop sait aussi prendre son temps pour développer son scénario et ses personnages. Les séances de tir au pigeon laissent alors la place à des missions plus calmes et posées. Sans être un modèle de finesse dans son écriture (ce qui n’est d’ailleurs aucunement l’ambition du titre), l’histoire de
Rogue City se laisse suivre avec plaisir, proposant des rebondissements parfois surprenants et des punchlines toutes droit sorties des années 80.
Mais s’il y a un point sur lequel le jeu excelle, c’est sur le travail d’adaptation. En effet, le titre offre une fidélité saisissante, comme en témoigne la modélisation du protagoniste. Le studio est d’ailleurs allé jusqu’à embaucher Peter Weller, Robocop himself, pour doubler le personnage, ce qui ne manquera pas de mettre les fans de la licence en extase. Tout comme le thème principal, qui intervient sous différentes versions tout au long de l’aventure, sans être trop envahissant pour autant. De manière plus générale, tout dans le design du jeu respire l’amour de la licence, de par son souci du détail. Vous retrouverez ainsi des décors et autres éléments emblématiques des films reproduits à la perfection, avec des éléments venant directement des années 80 et donnant un côté rétro très agréable au jeu. Notons aussi le design sonore des pas de Robocop, qui est parfait.
50% machine
Côté gameplay, Robocop : Rogue City se présente comme un FPS bourrin dans lequel vous allez mitrailler du délinquant par dizaines. Cela dit, le titre propose un rythme différent de ce que l’on voit habituellement dans le genre. Robocop est un tank bien campé sur ses appuis. Il ne court pas, il marche. Étant blindé, il n’a d’ailleurs même pas forcément besoin de se mettre à couvert. Au-delà de ça, la partie FPS du titre ne propose rien de novateur. Au contraire, il a un côté désuet, voire obsolète diront certains. Il offre un feeling similaire aux FPS des années 2000, avec cette même IA qui reste gentiment plantée devant vous pour se faire dégommer comme il se doit. Il est rétro au point de réintroduire les médikits, élément de gameplay absent des FPS modernes. Ces phases de shoot, bien que primaires en termes de gameplay, offrent une sensation de puissance grisante, renforcée par une destruction des décors bien gérée.
100% flic
Mais le titre ne se limite pas à des phases de shoot dans des couloirs. Entre chaque mission, il vous donne l’occasion de retourner au commissariat et dans un quartier du vieux Détroit, que vous pourrez visiter librement. Cela vous permettra de glaner des informations pour déterminer votre prochaine destination, mais aussi d’effectuer des quêtes annexes. Ainsi, vous aurez l’occasion de distribuer des contraventions, aider des citoyens en difficulté, interrompre des activités criminelles ou enquêter sur des homicides. Dans les enquêtes, Murphy dispose d’un scanner pour analyser les différents indices sur la scène du crime. Vous pourrez aussi interroger des témoins pour obtenir des pistes à suivre. Si ces enquêtes constituent un ajout intéressant et pertinent, elles sont malheureusement trop peu nombreuses (le jeu n’en compte que 2) et trop cadrées, ne laissant aucune place aux déductions du joueur, et donc à ses erreurs. En effet, le titre vous guide toujours jusqu’au coupable, sans avoir la possibilité d’arrêter un innocent. Dommage.
Dead or alive, you're coming with me
Techniquement, Robocop : Rogue City souffle le chaud et le froid. Tournant sous Unreal Engine 5, il est par moments très joli, comme en témoignent les reflets dans les flaques d’eau et la modélisation de certains personnages, Robocop et le sergent Reed en tête. Cependant, les autres personnages ont des modélisations et des animations de qualité variable. Il en est de même pour les décors, ces derniers oscillant entre le très joli et le générique. Si les décors tirés du film ne manqueront pas de titiller votre fibre nostalgique, le titre propose des décors originaux réussis, disposant d'une ambiance propre et parfois très réussie, comme le quartier de Détroit qui respire la misère. À l'opposé, le dernier niveau du jeu manque cruellement d'inspiration.
Si le titre fait de gros efforts en termes de narration et de mise en scène (rappelons qu'il s'agit d'un modeste double A et pas du dernier Call of Duty), il souffre encore de lacunes, principalement techniques. Ainsi, les transitions entre gameplay et cutscenes manquent de fluidité. De même, certaines cinématiques semblent directement sorties des années 2000, de par leur mise en scène. Heureusement, cela ne concerne qu'une poignée d'entre elles.
I'll buy that for a dollar
Nous avons aussi noté quelques rares passages nécessitant plus d'indications sur les actions attendues. En effet, nous avons, à 2 ou 3 reprises, tourné en rond 10 bonnes minutes avant de comprendre ce qu'il faut faire pour avancer. Enfin, comme son héros, Rogue City n'est pas exempt de bugs. La plupart sont mineurs et ne gâchent pas l'expérience de jeu, mais certains peuvent bloquer votre progression. Par exemple, nous avons pu tourner un moment pour trouver le dernier ennemi à abattre afin d'avancer, avant de nous apercevoir qu'il était sous la map. Ce cas-là ne nous a pas empêché de progresser, mais nous avons eu un cas où le script d'une quête annexe a refusé de se lancer. Nous avons eu beau quitter et recharger la partie, le script posait toujours problème, nous forçant à abandonner la quête.