
Le jeu suivra l'histoire du manga original, à savoir la quête du pouvoir. Sur terre, il y a deux bandeaux qu'on peut mettre sur son crâne, celui du numéro 1 et celui du numéro 2. Avoir le premier bandeau, c'est cool. Tout d'abord parce qu'il confère les pouvoirs d'un dieu au combattant qui le porte, et puis aussi parce qu'il ne peut être défié sur terre que par le numéro 2, ce qui restreint pas mal le choix. Pour peu qu’on soit un peu doué en cache-cache on est tranquille pour un bon moment. Alors qu'avoir le bandeau numéro 2 sur le crâne, c'est une calamité. Pas de pouvoir et la possibilité d'être défié par le reste de la planète, ce qui ralentit fortement la progression vers le number 1 qui continue à glander tranquillement. Et c’est Afro, samouraï black au visage impassible mais à la chevelure révoltée, qui arbore le bandeau maudit. Avec comme motivation le souvenir de la tête de son papa roulant à ses pieds, celui-ci part à la recherche de numéro 1, katana à la main et pétard au bec.

Shaft sous son cerisier en fleur
Première agréable découverte : les graphismes. Suivant scrupuleusement le modèle de l’anime, on a opté pour le cell shaded, à savoir l’application d’illustration 2D sur de la 3D, afin de coller au maximum à l’original, jusqu’aux ombres faussement crayonnées sur les personnages. Afro est beau, il a la classe et on ne se lasse pas de le voir découper ses assaillants avec un style agressif doublé d'un flegme britannique. Les décors sont très inspirés, du dojo d’arts martiaux aux forêts de bambous en passant par les ponts suspendus des montagnes du Wu Tai, on évolue véritablement dans le manga. Elément primordial de l’ambiance, la bande-son tout simplement sublime. Affronter des dizaines de pauvres quidams sur le flow de
RZA du
Wu Tang Clan, c’est presque comme faire du sport en écoutant «
The Eye of the Tiger » de
Survivor. On y peut rien mais on s’y croit un peu. Au fil de l’histoire, on évolue au rythme des ambiances musicales, tantôt zen pendant la narration et tantôt gros rap pendant l’action. La réussite sonore ne s’arrête même pas à la musique, puisque l’histoire nous est contée par
Samuel L. Jackson (il nous faudrait des canons sciés pour ces affaires là), épaulé de
Ron Pearlman (le bossu estupido du «
Nom de la Rose », ou plus récemment «
Hellboy »).
Isaac Hayes from Edo
Un détail intrigant au niveau de la maniabilité : l'axe de caméra horizontal, que vous bougez donc avec votre stick droit sur votre manette, est inversé. Et dans les options, vous ne pouvez modifier que l'axe vertical, sinon ce n'est pas drôle. La caméra se positionne d'elle même plutôt intuitivement en général, mais on est souvent surpris quand on veut tourner la caméra autour du héros. Cela ne rend pas le jeu injouable, loin de là, et j'imagine qu'il y a même certaines personnes que ça ne déstabilisera même pas, mais je tenais à souligner ce curieux parti pris. Mais peut être celui-ci ne concerne que la version US du jeu ? En dehors de cela, la maniabilité est parfois hasardeuse, sans rendre le jeu agaçant pour autant. Il est parfois un peu frustrant dans un grand décor de se retrouver bloqué par un mur invisible durant un combat afin de préserver la continuité dans la progression on ne peut plus linéaire de l’histoire. Les combos sont plutôt simples à réaliser, et sont tellement nombreux au final certains ne voient jamais le jour. Les combats se déroulent de manière traditionnelle, en appuyant frénétiquement sur sa manette, mais aussi dans un mode un peu plus précis, la concentration. Lorsqu’Afro est concentré, il attend le meilleur moment pour porter son coup (que l’on devine in game à la lueur qui se dégage de son sabre) et tranchera presque à coup sûr tout ce qui se trouve sur le chemin de sa lame. Les combats sont animés d’une violence inouïe (j’ai coupé en deux une gonzesse aux seins nus et en string tout de même), soutenue à grand renforts d’hémoglobine. Les membres volent, le sang gicle par hectolitres et on pourra même se lancer dans des parties de "body parts poker". La règle est simple, on remplace les couleurs par des types d'ennemis et les valeurs par des membres. Ainsi, on peut faire des brelans de jambes, ou des flushs de ninjas. Un petit jeu permettant de rajouter un peu de piquant dans les scènes où les assaillants débarquent par dizaines.

Ramen Jah Fakoly
La principale faiblesse du jeu, c’est tout de même une durée de vie limitée. Seulement 5 ou 6 heures pour terminer le mode histoire. Or sorti de celui-ci, et bien il ne reste rien de rien. Aucun multijoueur, online ou en live. Ce qui est tout de même un peu triste parce qu’on en redemande. Encore de la musique, du sang et des histoires de vengeance ! Encore ! On pourra aussi lui reprocher une certaine redondance dans l’apparition des ennemis et de l’action en général. Mais il appartient tout de même à la catégorie des beat them all dont on peut reprendre les niveaux un peu quand ça nous chante, histoire de s’améliorer un peu dans la maîtrise du sabre et approcher encore d’un peu plus près la voie du samouraï. Et puis surtout de profiter du plaisir à la fois visuel et auditif qu’il nous offre.