Contrairement aux titres récents de
Grasshopper Manufacture,
The Silver Case se présente comme un visual novel teinté d'énigmes à résoudre. Le scénario tourne autour de meurtres en série et le joueur découvre l'histoire grâce à deux points de vue différents : celui d'un enquêteur se rendant souvent sur place avec ses collègues (ce qui entraîne des phases de gameplay dont nous parlerons un peu plus tard), et celui d'un reporter enquêtant lui aussi sur cette affaire. Vous l'aurez donc compris, Suda Goichi a décidé de découper la narration de son bébé en deux parties bien distinctes, le tout divisé en plusieurs chapitres (donc deux inédits). Si vous êtes fan du boulot de ce créateur, vous serez en terrain conquis en ce qui concerne l'histoire : se déroulant dans un univers dystopique, elle propose tout ce qu'il faut de bizarre, d'originalité et de noirceur. En revanche, le tout baigne dans une ambiance assez sérieuse, ce qui risque de dérouter ceux qui ne connaissent que les productions récentes du studio, beaucoup plus penchées sur l'humour, parfois absurde. Quoi qu'il en soit, ce scénario se montre très intéressant à suivre – à condition bien entendu d'adhérer au genre – et ses protagonistes tout aussi intéressants à découvrir, le tour porté par une mise en scène soignée.

RENDS L'ARGENT !
Si
The Silver Case se divise en deux arcs, ces deux parties ne proposent toutefois pas la même chose. Ainsi, l'arc centré autour du journaliste se présente comme un visual novel pur et dur, avec quasiment zéro gameplay. Et si vous connaissez un peu ce genre, vous savez ce que ça signifie : beaucoup, beaucoup de lecture, sachant que seules les langues anglaises et japonaises sont proposées. Et c'est là que survient le premier problème, à savoir l'âge du titre. Si suivre de longues phases de dialogue n'est pas un problème en soi, l'absence de doublages est un vrai souci, car cela rend les passages un peu trop longs encore plus longs. Le joueur doit en effet uniquement se contenter des musiques d'ambiance ainsi que du bruitage d'un clavier qui se montre rapidement agaçant (il est heureusement possible de réduire le son de ce bruitage dans les options). Si l'on rajoute à ça le fait que certains passages ne sont ni essentiels, ni même pertinents, vous aurez compris qu'il faut parfois s'accrocher pour ne pas s'endormir. Si, à l'époque, ces problèmes de rythme passaient encore, il est plus difficile aujourd'hui de les accepter. Les développeurs auraient ainsi pu passer un peu de temps là-dessus pour donner une seconde jeunesse à cette narration. Dommage.

Heureusement, la partie centrée sur l'enquêteur se montre plus intéressante puisqu'elle propose pour sa part plus de gameplay. Il s'agit ainsi souvent de se déplacer de pièces en pièces en vue FPS et d'observer les environs afin de résoudre des énigmes plus ou moins difficiles. Et quand on dit ''plus ou moins'', on veut dire : certaines risquent réellement de vous faire chauffer le cerveau tant leur solution n'est pas forcément très logique. Là encore, c'est dommage, mais surtout très frustrant de rester bloqué de trop longs moments pour un puzzle qui ne donne pas suffisamment d'indices pour être résolu... Quant aux contrôles, ils sont... différents. N'espérez pas pouvoir vous déplacer avec le joystick et effectuer des actions via des boutons dédiés, comme dans n'importe quel titre. Pour
The Silver Case, Suda51 a voulu faire preuve d'originalité en implantant une sorte de roue des actions. Vous voulez vous déplacer ? Il faut faire tourner la roue jusqu'à l'action voulue, puis valider pour ensuite pouvoir bouger. Envie d’interagir avec un élément ? Vous connaissez désormais la marche à suivre. Bref, un système lourd et peu intuitif qui vient, là encore, plomber le rythme de l'aventure, qui n'avait pourtant pas vraiment besoin de ça...
L'argent du crime
Bien qu'ayant énormément vieilli sur certains aspects,
The Silver Case reste globalement plutôt joli à regarder grâce à une direction artistique qui ne souffre pas trop de toutes ces années (rappelons que le titre est sorti à l'époque sur PS1 !). L'aventure progresse via des plans le plus souvent fixes, affichés dans des fenêtres plus ou moins grandes et se superposant, le tout en 2D. Et lorsque l'on sait comment a vieilli la 3D de l'époque, on ne peut que féliciter Suda51 d'avoir préféré cet aspect graphique. Si, techniquement, il n'y a pas non plus grand-chose à dire, vous risquez, à l'heure où nous écrivons ces lignes, de rencontrer un gros problème sur votre PS4. Gameplay répondant quand ça lui chante, textures ne s'affichant pas, sauvegardes corrompues ou encore des moitiés d'écran restant noires : un gros bug touche la version européenne du soft. Si les développeurs bossent actuellement sur un patch, vous pouvez toujours d'ici là changer la langue de votre console, puisque la faire passer en anglais permet de corriger ce problème. Espérons tout de même que la mise à jour arrivera rapidement, d'autant plus que le titre est sorti il y a déjà quelques jours sur le Vieux Continent...