C’est avec le cœur brisé que notre héros Curdin prend la route de Mundaun, son village natal, le malheureux ayant reçu une lettre disant que son grand-père est décédé dans un terrible incendie. C’est pour cette raison que notre protagoniste principal décide de commencer son voyage : un voyage très long car, comme vous vous en doutez, il y a quelque chose de louche à Mundaun et votre arrivée dans le village ne sera que le début de votre périple.
Mundaun fait un excellent travail en matière d’ambiance. Tout d’abord, il faut saluer le travail qui a été fait sur les détails, qui vont jusqu’au langage des différents personnages. En effet, durant toute l’aventure un seul langage se fera entendre et c’est sûrement une première dans l’histoire du jeu vidéo car il s’agit du patois des alpes suisses. N’oublions pas en effet que même si Mundaun n’existe pas, il est inspiré d’un endroit réel.
Dark side of the mund
Ensuite, parlons de l’aspect graphique vraiment unique, qui donne l’impression que l’on se trouve dans un livre de contes noirs. Le design des environnements donne un aspect particulier à Mundaun, ce qui renforce d’autant plus l’ambiance. Pendant toute l’aventure, on se sent mal à l’aise. Non pas effrayé, mais véritablement mal à l’aise car on est submergés par les bizarreries que notre héros subit. Cela aura pour effet de garder le joueur constamment sur ses gardes même si, on le verra plus tard, il n’y a pas vraiment lieu de se sentir en danger. Pourtant, on sent que quelque chose ne va pas. Quelque chose d’anormal se cache dans les décors, dans les dialogues, dans les visages et on ne peut pas mettre le doigt dessus. Tout ça donne à Mundaun un aspect vraiment unique et original. Sans aucun doute la plus grosse réussite du titre et ce dont on se souviendra le plus longtemps après la fin de l’aventure.
Aventure n’est pas le bon terme pour décrire Mundaun. On pourrait peut-être plus parler d’expérience. Il est d’abord difficile de le ranger dans une case. S’il se vend comme un survival-horror, il ne l’est pas vraiment. Certes, il y a quelques ennemis au design unique (des hommes-girafes, diront certains), mais ils sont très facilement évitables. En réalité, l’intelligence artificielle des ennemis est si faible que vous pourrez éviter facilement tout affrontement, sauf bien évidemment ceux scriptés. Et on trouvera ces phases scriptées vraiment pas nécessaires tant elles ne sont pas une réussite. En fait, Mundaun est plus un mélange entre un jeu d’aventure et un simulateur de marche dans un environnement peu agréable.
De la Suisse, naturellement
En effet, on contrôle un personnage en vue à la première personne qui se rend d’un point A à un point B pour utiliser les bons objets et résoudre des énigmes. Il faut faire cependant attention à ne pas avoir trop peur, car sinon celui-ci se retrouve paralysé. Mécanique intéressante mais très sous-utilisée car, comme nous l’avons dit plus haut, les affrontements peuvent être évités très facilement, donc la peur aussi. Cependant, vous pourrez toujours vous préparer du café pour augmenter votre force mentale et ainsi avoir moins peur. C’est bien connu : en plus de provoquer des ulcères et d’avoir un goût dégueulasse, le café empêche d’avoir peur. Curdin bénéficie aussi d’un carnet où il note ses tâches et tous les éléments importants. On vous le dit, un vrai jeu d’aventure ! Tellement qu’on oubliera parfois les hommes-girafes de paille. Un autre élément de gameplay est la possibilité pour Curdin de tordre la réalité grâce à sa main maudite (oui, votre première rencontre à Mundaun est avec le Malin lui-même) afin de revivre des événements du passé. Mécanique sympathique une nouvelle fois, mais encore sur des rails...
Et c’est aussi un problème du titre : si l’arrivée dans le village vous fait croire que vous aurez de grands environnements à explorer, ce n’est pas le cas. L’aventure et la progression sont très scriptées, le héros refusera même parfois de se rendre à un endroit ou d’effectuer une action avant d’obtenir un objet bien spécifique ou de faire une chose bien précise qui aurait honnêtement pu être faite plus tard tant elle n’a pas d’incidence immédiate. C’est dommage, car on aurait aimé se balader et pourquoi pas même se perdre pour augmenter la tension de la nuit. Mais, finalement, nous n’avons rien de tout ça. A la place, nous avons un gameplay qui n’a rien d’exceptionnel dans des décors exceptionnels... en tout cas quand la direction artistique ne devient pas un problème. Sans vouloir donner trop de détails, sachez que certaines solutions d’énigmes ne sont pas claires : trouver une ombre dans du noir et blanc n’est franchement pas la chose la plus aisée.