Test : Kane & Lynch : Dead Men - Xbox 360

Kane & Lynch : Dead Men - Xbox 360

Kane & Lynch : Dead Men - Xbox 360

Genre : Action schizophrénique

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15 Juillet 2006 : les créateurs de Hitman annoncent qu’ils travaillent sur un nouveau jeu. Il s’appellera Kane & Lynch. 26 juillet 2006 : Eidos Interactive officialise le développement de Kane & Lynch. 23 août 2006 : le jeu fait parler de lui lors de la Game Conventions. Tout le monde l’attend. 28 septembre 2006 : la presse professionnelle peut tester le jeu pour la première fois en privé. Ils sont emballés. 23 novembre 2007 : sortie commerciale de Kane & Lynch. Le jeu est hué par la presse professionnelle. 1er décembre 2007 : le rédacteur en chef de Gamespot est licencié suite à sa critique négative sur Kane & Lynch. 28 décembre 2007 : GameHope teste Kane & Lynch.
C’est dingue comment l’image de certains jeux se détériore à cause de soucis financiers. Le dernier en date était Bioshock. Même si on ne reviendra pas sur le fait que ce jeu est un pur bijou vidéoludique, on se rappellera quand même des déconvenues qu’il nous a fait subir sur PC avec son insupportable protection. Pour faire le lien avec notre Kane & Lynch ici présent, lui aussi avait à la base tout pour plaire : un bon scénar’, de bons (anti) héros et des développeurs renommés (ceux de Hitman :love:) pour le façonner. Alors, qu’est-ce qu'il s’est passé ? Oh, pas grand-chose en fait, seulement Eidos, l’éditeur, qui a pété son câble parce que l’avis d’un critique n’arrivait pas à refléter l’excellence du soft qu’il lui trouvait. Tout ça a fait beaucoup de bruit, perdre beaucoup d’argent, décrédibiliser toute la presse professionnelle américaine et licencier le rédacteur en chef du plus gros site de jeux vidéo du monde. Tout compte fait, ce résultat ne m’étonne pas du tout de la part de Kane et de Lynch.

"Va te faire foutre" - Lynch

Au final, en France, il a bien fallu rester crédible. La seule façon de le paraître, c’était certainement de descendre le jeu d’Eidos. Ouch, c’est osé d’accuser comme ça, je sais. Mais il va falloir me comprendre, j’ai beau m’efforcer d’essayer de détester Kane & Lynch comme ils l’ont tous fait, je n’y arrive pas. On lui reproche un manque de finition ? C’est indéniable. On lui reproche un gameplay vieux de 2 ans ? C’est sûrement le cas, même s’il ne me semble pas que les jeux ont tellement évolué depuis. Ou bien sous-entend-on qu’il y a 2 ans, les jeux étaient mauvais ? On peut lui reprocher aussi d’être techniquement dépassé, c’est tellement facile à dire lorsque l’Unreal Engine 3 habille tous les autres softs, les dépossédant tous d’une identité visuelle propre. Alors ça suffit comme ça. Kane & Lynch n’est pas très beau, roule sur des mécaniques de jeu primitives, manque de finition et ne tient pas toutes les promesses qu’il avançait, ok. Mais il a le mérite, et pas le moindre, de proposer des expériences de jeu sensationnelles. Et ça, c’est vraiment pas rien.

Ces 2 mecs sont des fous…

Les défauts, nous y reviendrons plus tard. Maintenant, mon rôle, c’est d’arriver à être suffisamment convaincant pour vous persuader que Kane & Lynch n’est pas le mauvais jeu qu’on prétend qu’il est. Nous disions plus haut que son gameplay était un peu vieillot. Sans contredire ce fait, sachez qu’il est suffisamment d’actualité pour faire varier les phases de jeu, premier gros point fort du soft. Non sans rire, vous allez juste vous évader d’un transfert de détenu en fourgon blindé, dévaliser une banque, kidnapper la fille d’un parrain mafieux dans une boîte de nuit, attaquer une prison, faire du rappel sur un gratte-ciel, participer à une bataille révolutionnaire dans La Havane et être confronté dans un duel à 6 opposants détenant votre fille en otage. Et là je me dis « merde j’ai spoilé ». Peu importe, l’important, c’est que vous le viviez. Ce ne serait pas honnête de ma part de vous dire que toutes ces situations s’équivalent d’un point de vue sensation. D’ailleurs, le braquage de banque manque de musique pour souligner le côté épique de la chose et la course poursuite qui s’en suit perd beaucoup d’intérêt quand on a autant de mal à viser, même si c’est voulu de la part des développeurs (le côté réaliste, vous comprenez). Mais à contrario, le niveau dans la boîte de nuit est un pur moment d’anthologie, lorsque votre partenaire, Lynch, doit se faire escorter, lui et l’otage qu’il porte sur ses bras, à travers la foule qui dissimule les agents de sécurité à votre poursuite. Les éclairs de votre arme s’accouplent avec le halo de leur lampe torche et les spots d’ambiance de la salle. La foule bouge dans tous les sens, effrayée, désemparée, prise au piège. Si vous vous rappelez du film Collatéral, de Michael Mann, vous avez un aperçu de ce que vous propose ce passage dans le jeu. Et des passages comme ça, il y en plusieurs, ce n’est pas un mensonge. Même si oui, c’est vrai, on regrette qu’ils ne soient pas tous de cet acabit.

Une leçon de mise en scène

Mais même si les niveaux ne se valent pas, comment expliquer qu’on soit amené à vouloir poursuivre ? Il n’y a pas un seul jour depuis que j’ai le jeu où je me suis demandé quel soft j’allais lancer. Ce n’était pas Call of Duty 4 que j’avais envie de continuer. Ni Crysis. C’était forcément lui. Il faut donc croire que le gameplay tant critiqué n’est pas si insurmontable que ça. On peut en tout cas affirmer que son scénario est plus attrayant que la majorité de la concurrence. C’est nouveau, c’est frais, c’est jouissif. On a l’opportunité de jouer deux enfoirés pris dans un merdier sans nom et obligés d’aller tenter le diable pour parvenir à leur but. Deux enfoirés qui ont du mal à se supporter en plus, qui n’arrêtent pas de s’engueuler en pleine baston, de s’insulter, de se contredire. Dans combien d’autre jeux a-t-on vécu ce genre de situations sérieux ? - Dépêche-toi de me couvrir Lynch ! - Va te faire foutre. Alors on se marre, on stresse d’affronter toute la police du pays à nous tout seul, on prie pour que Lynch vienne nous injecter une dose d’adrénaline parce qu’on s’est pris une bastos de trop. S’il ne le fait pas, on crève. S’il est amené à le faire trop souvent, on crève aussi, d’overdose. Alors on se planque à couvert, on tire à l’aveuglette, on jette des grenades pour déloger l’adversaire, on le surprend par derrière pour le trucider à l’arme blanche. L’IA pue, mais ça fait rien, on s’amuse quand même, parce que de toute façon, c’est loin d’être aussi loupé que ce qu’on essaye de nous faire croire. La preuve, un de ses points négatifs est qu'il soit trop court !

Marketing, on te hait

Là où il est légitime de râler, par contre, c’est de se retrouver à s’arracher les cheveux à cause d’un bug qui empêche la progression. D’un point de vue général, il est clair que le jeu respire la finition à l’arrache. Eidos voulait son jeu pour les fêtes de Noël, c’est chose faite. Mais à quel prix ? Les niveaux ne se valent pas, le jeu rame même sur des grosses config’, l’IA vaut rien, la difficulté est mal dosée (pas vu beaucoup de différence entre le mode difficile et facile. Ils sont chauds tous les deux) et le système de checkpoint est souvent mal foutu, nous obligeant à nous coltiner plusieurs fois les mêmes passages alors que ce n’est que sur la fin que ça bloque. Si on pouvait espérer un bon gros patch qui corrige toutes ces imperfections, on serait bien plus enclins à vous le faire acheter. Malheureusement, à cause de tous ces défauts trop présents liés à une sortie prématurée du jeu, il est très important pour nous de marquer le coup et de sanctionner, comme il nous était important d’apporter un regard vrai sur la qualité ludique du jeu afin de pouvoir le défendre des insultes qu’il a encaissées beaucoup trop à tort. Kane & Lynch est un bon jeu qu’on ne vous recommande pas d’acheter. Pas à 60 €.
Pour les plus gros flemmards qui n’ont pas eu le courage - ou l’envie - de lire l’article dans son intégralité, pour résumer, il a été dit ceci : Kane & Lynch est un sacré bon jeu qui propose des phases de jeu inédites qui valent clairement la peine d’être vécues. Il en propose d’autres moins réussies, mais pêche surtout par son manque de finition impardonnable dont la faute revient sans conteste à son éditeur pressé de sortir la galette au moment le plus rentable, à savoir Noël. On lui met la même note que tout le monde, c’est vrai, mais pas pour les mêmes raisons, et c’est ça qui est important.
24 février 2008 à 15h46

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Points positifs

  • L'ambiance très réussie
  • Les 2 héros
  • Leur relation
  • Les situations dans lesquelles ils se mettent, variées et extraordinaires

Points négatifs

  • Scandaleusement pas fini
  • Et trop court
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