Ah, ce
Call of Duty 4, à défaut d'être la révolution tant attendue d'un genre en stagnation, aura malgré cela réussi son intégration dans l'envie des joueurs du monde entier. Et c'est le cas de le dire, le soft d'Infinity Ward ayant cristallisé autant d'attente chez les geeks de la gâchette que le dernier Johnny chez les CSP "moins". Car, entre son annonce en trombe (souvenez-vous du trailer de la mort qui tue en enfer dévoilé à la
GTA IV), sa béta "généreuse", ses screens tape-à-l'œil, le quatrième épisode d'une série n'ayant jamais évolué tape désormais – du moins, plus que d'habitude – dans le marketing de masse : on donne du spectacle, du spectacle, du spectacle, puis on passe à la douloureuse. Mais une chose est néanmoins sûre : assis, posé et en pleine démonstration,
COD4 vous imposera ses airs de messie, mais une fois que les lumières de la salle se rallumeront, vous comprendrez que vous n'avez déboursé que pour du vent, de l'éphémère. Du moins, si vous n'avez pas d'amis.
Résumons la trame narrative de Call of Duty 4
- Chef ! Chef ! Les arabes… ils nous narguent !
- Encore ? C'est quoi cette fois ? Ils nous ont battus au foot ?
- Non ! Ils viennent d'exécuter en direct le président de leur bouiboui de pays là ! Celui avec qui on avait passé des accords pour négocier leur pétrole gratos, et à vie, contre la saison 7 de la version gay de Prison Break.
- Goddamn motherfucking piece of shit ! Préviens CNN, Sarkozy et la World Company, invente n'importe quoi pour justifier notre future intervention, par exemple que ces racailles cachent des armes de destruction massive dans leurs montagnes, ou Ben Laden, ou même Willy Denzey et Matt Houston mince, faut les démonter, les bombarder, les envahir, tout en passant pour les sauveurs de l'humanité.
- Ok, je préviens TF1 aussi. Qu'est-ce qu'on fait de Al-Jivé ?
- C'est qui ce chien d'infidèle ?
- L'islamiste qui a pressé la détente et qui fout la merde dans tout le pays.
- Médiatisez-le, vite ! Je le veux en couverture de Paris Match, dès la semaine prochaine, qu'on le voie dans un habillage de luxure, de débauche, puis inventez lui une histoire : qu'il soit anti-américain, révolutionnaire, au père alcoolique et à la mère cul-de-jatte. Merde, je veux que dans les prochaines 48 heures, ce mec soit le type le plus détesté au monde !
- Genre Marco Materazzi ?
- Nan, plutôt genre Patrick de Koh-Lanta, tu vois ?
- Ah carrément.
- Bon, forcément, quand on aura un peu trop génocidé, on cherchera un autre bouc émissaire, histoire de renflouer le conflit, et sucer encore plus de ressources naturelles. Du coup on trouvera un autre berbère en tapis volant à accabler, tiens, comme le mec en survet là, ouais, celui à l'écran là.
- Niko Bellic ? Il est déjà dans
GTA.
- On s'en tamponne, c'est l'archétype qu'on recherche. Bon, tout semble nickel à priori, reste plus qu'à recruter tout un tas de peloys pour les envoyer au front. Sortez les affiches "
Boom Headshot !" et "
MDR la guaire ssa tu lool" et faxez-les à tous les bâtiments éducatifs du pays, il nous faut du geek et pas qu'un peu. On pourra les mêler à des héros comme le sergent "Soap" ou Jackson, qui devront incarner l'image de l'armée moderne. Allez, on s'y met. Et sors de sous ce bureau toi-là.
Aujourd'hui, j'ai envahi la Russie, et toi ?
Contrairement à ce que bon nombre de personnes peuvent penser, il était beaucoup plus risqué pour
Activision de proposer un nouveau
Call of Duty dit "classique", c'est-à-dire traitant de la 2ème guerre mondiale, avec donc des bases bien acquises, plutôt qu'un épisode qu'on qualifiera (ou plutôt qui s'auto-qualifie ainsi) de "moderne" qu'il est beaucoup plus facile de faire passer pour révolutionnaire grâce à deux ou trois coups de cuillère à marketing. J'entends par là que redorer, et surtout révolutionner, un genre surexploité (la deuxième guerre mondiale, donc) était sûrement plus perceptible comme un doux rêve éveillé, plus qu'une réalité. Alors oui,
Call of Duty 4 s'inspire dorénavant de l'époque actuelle, mais en aucun cas il n'est une prise de risques, son gameplay est celui d'un
Call of Duty 3, rien de plus, rien de moins. Le travail effectué par les développeurs est uniquement un travail de forme, d'apparence, on croirait presque jouer à un mod (superbement réalisé et mis en scène), alors qu'il y avait tellement à proposer (gestion d'une équipe, système d'ordres, couverture ?) pour chambouler ce gameplay un peu vieillot. Du coup, le joueur est perdu dans un FPS ultra-linéaire, à l'action non-stop et sérieusement un peu trop "osée" pour générer cette touche de magie qu'arborent les grands jeux. En fait,
COD 4 est un peu comme une saison de 24, scripté jusqu'à la moelle, on est souvent largué et personne ne peut penser que tous ces rebondissements peuvent arriver à un homme en une seule journée, ce qui fait qu'on est irrémédiablement lassé par cette débauche d'action (chaque mission du jeu possède son "gros" rebondissement spectaculaire).
Et donc, à force de trop miser sur le John Woo-isme, le plaisir du jeu se consume petit à petit, jusqu'au coup de grâce causé par une IA… déroutante. Enfin, si selon les difficultés, le CPU riposte avec plus ou moins de précision et d'acharnement, on constate tout de même quelques grosses énormités si familières au genre : comme les ennemis qui ne réagissent pas lorsqu'ils "voient" un de leur collègue se faire dessouder sous leurs yeux, ou ceux qui restent éternellement à découvert. Mais le plus énervant est que ces derniers sont infinis, oui, infinis. Il faut inlassablement tenter d'avancer dans les niveaux, sans quoi les vagues d'ennemis continuent d'arriver interminablement, toujours du même côté et de la même manière. De mémoire de joueur, je n'avais jamais vu une telle simulation de tir au pigeon, cela en devient presque affligeant, particulièrement lors des premières heures de jeu, où l'on ne comprend pas le système et qu'on reste, interminablement là, couché, à dézinguer les vagues arrivantes. Et donc, indubitablement, une fois le processus analysé et retenu, on comprend qu'en fonçant dans le tas, on arrive à ses fins relativement facilement, au point de finir un niveau en moins d'une dizaine de minutes. Puis un Acte en une heure et enfin le jeu en 4. Et là, d'un coup, la note a comme du mal à passer. 4 à 5 heures (intenses, ou pas, selon vos aptitudes à accepter l'action "hollywoodienne"), pour un titre développé pendant plus de deux ans. Moyen. D'autant que les modes alternatifs ne se résument qu'en un seul : Arcade, qui, comble de l'ironie, vous propose de finir le jeu le plus rapidement possible. Comme quoi l'autodérision n'est pas toujours gage de bon gout.
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Si jusqu'à présent,
Call of Duty 4 n'est relativement pas à son avantage sur ce qu'il propose en terme de gameplay et de scénario, le jeu d'
Infinity Ward brille incontestablement sur le plan technique, où, à n'en pas douter une seconde, il demeure comme un gros soufflet sur la joue gauche. Impressionnant, simplement. Effets de lumière, particules, ombres portées, modélisations, animations… Tout est d'un niveau optimal et contribue sans compter à la création d'une atmosphère à l'image du jeu : captivante. Le champ de bataille n'aura (presque) jamais été aussi "fidèle" - aux films d'actions, pas à la "vraie" guerre -, aussi vivant. Ca crie de partout, le sifflement des balles qui fusent est assourdissant, tout comme leur impact sur la parcelle de béton derrière laquelle votre trouffion pixélisé tente tant bien que mal de s'abriter des assauts ennemis. On notera aussi la gestion du climat, qui pourra évoluer en mission, et plus généralement, se diversifier tout au long du jeu. Même si, force est de l'avouer, les opérations en nocturne, spécifiquement en Russie, pêchent un peu par leurs qualités moindres que celles des US Marines. Autrement, et pour récapituler,
Call of Duty 4 est un chef-d'œuvre graphique, pas à l'abri de quelques textures ratées, mais globalement inattaquable sur sa forme visuelle, mais aussi sonore. Harry Gregson-Williams oblige, les divers thèmes du soft résonnent comme des odes au patriotisme de bas étage (celui qui encourage la guerre sous le prétexte pourtant antagoniste de la paix) et se fondent merveilleusement bien aux scènes de gameplay. Ah oui, pour finir, comment ne pas lâcher quelques mots sur le rap exquis des crédits du jeu… En tous cas, moi, il m'aura bien fait rire.
Let's do this
A la manière de son, et ses, prédécesseurs,
Call of Duty 4 tient à proposer une expérience en ligne bien plus profonde qu'anecdotique, tant ces modes sont de plus en plus prisés ces dernières années, surtout sur console, où le Xbox Live a apporté au fil des années bien plus qu'une pierre à un édifice que des précédents bâtisseurs avaient échoué à fonder. Et sur ce point,
COD 4 est un donneur de leçons. Proposant une multitude de modes de jeux (plus d'une dizaine), autant de cartes, des défis à réaliser, la possibilité de créer sa propre classe, son propre clan… Difficile de s'ennuyer, malgré des débuts difficiles faute au système de grades, qui, comme à l'accoutumée, récompense les gros joueurs et les favorise. Comprenez par là, que énormément d'armes et d'accessoires sont bloqués lors des premières parties, au point qu'il y est très dur de se débrouiller face à d'autres joueurs possédant, eux, un équipement bien plus élaboré. Mais ce problème est récurrent à tous les FPS récents, ce qui témoigne donc d'une volonté insistante des développeurs à adopter ce système, qui rend addictif et consommateur de masse. Toujours Online, on soulignera les nouvelles "aptitudes" que l'on peut assembler à sa guise pour créer le soldat de nos rêves et qui vont de la capacité à courir plus longtemps, ou à être plus précis, et, plus pervers, jusqu'à pouvoir lâcher une grenade vicieuse en mourant, pour remercier comme il se doit son bourreau. Bref, un multi fortement réussi et qui relance du même coup l'intérêt général du soft. En tout cas, pour ceux qui souhaitent s'offrir
COD 4 uniquement pour le Online - et ils sont nombreux -, foncez.