Dans l'immense océan des sorties vidéoludiques, et particulièrement en cette fin d'année, peu de softs réussissent le tour de force d'avoir une personnalité. C'est bête, une personnalité. C'est s'offrir une identité propre, quelque chose qui fait qu'au final, quelle que soit la qualité du jeu, il peut se targuer d'avoir été créé par des gens qui avaient de la suite dans les idées, inspirés, et qui voulaient un minimum sortir des sentiers battus.
Brütal Legend, c'est un jeu qui a une personnalité forte, et non des moindres. Les métaleux peuvent applaudir des deux gants cloutés l'effort d'un hommage aussi vibrant rendu par Tim Shafer, déjà auteur de valeurs sûres telles que
Psychonauts ou
Grim Fandango et interprété par le génial Jack Black. Comment vous ne connaissez pas Jack Black ? Acteur dans
Rock Academy,
Be Kind Rewind, chanteur délirant de
Tenacious D ?! Aaaah si en fait ? Pfiou, j'ai eu peur.
Le mercredi on sacrifie des poulets vierges, le jeudi on s'enduit de leur sang et le vendredi c'est poker
Dans
Brütal Legend, vous incarnez Eddie Riggs, un roadie. Le roadie, c'est un petit peu le chaperon d'un groupe de rock, celui qui gère toute l'organisation, qui est derrière chaque lumière, chaque enceinte, chaque planche de la scène, mais que l'on ne voit jamais. Eddie s'occupe d'un groupe de rock absolument pourri, à son grand dam. Lors d'un concert où il sauve le leader d'une de ses boulettes, il trouve la mort de façon désastreuse. Le sang pénètre sa boucle de ceinture et invoque un des Dieux du métal, le propulsant dans un monde infernal où le hard rock est roi et les humains esclaves. Messie parmi les pogoteurs, guide spirituel pour tous les métaleux opprimés, Eddie se retrouve comme bien souvent dans ce genre de contes être l'élu d'un monde qui n'est pas le sien. Effectivement, ça sent un peu le "déjà-vu", ce mec qui débarque dans un univers d'où il est parfaitement étranger et qui se voit offrir le job jamais très simple d'être celui qui les délivrera des griffes d'un tyran. Mais qu'importe. En partant d'un scénario bâteau-motif, les créateurs de Double Fine sont partis dans une ambiance absolument unique. Eddie Riggs est rockeur depuis les tréfonds de son âme, et sa musique résonne jusqu'aux profondeurs de l'enfer. Pour mener à bien sa quête, une hache nommée Separator et dans son dos, une guitare éléctrique répondant au doux prénom de Clémentine seront ses alliées.
Heaven or Hell ? Let's Rock
Brütal Legend n'est pas un beat'em all, loin de là. Si vous devrez bien souvent utiliser votre guitare pour faire tomber la foudre sur vos ennemis, ou utiliser Separator pour démembrer les créatures qui se dresseront sur votre chemin, là n'est pas le principe de Brütal Legend. Tout d'abord, l'histoire prend place dans un monde ouvert, et quel monde ! Les créatures qui le peuplent sortent tout droit de la couverture d'un album d'
Iron Maiden, avec quelque chose d'un peu plus... décalé. Au volant de votre Deuce customizable à souhait, vous écraserez joyeusement les boucs démoniaques qui gambadent devant vos phares ainsi que de jolis petits hérissons afflublés de piquants métalliques... Au delà de la bagarre, ce sont de véritables petites phases de guerre épiques que l'on vous propose : les batailles de scènes. Vos roadies bien à vous construisent une grande scène de rock, ainsi que des stands de goodies pour plaire à vos fans. Plus vous avez de stands de goodies, plus les fans vous acclament, et plus vous pourrez faire appel à un grand nombre d'unités. Vous devrez donc, avec votre armée personnelle composée selon vos choix, attaquer les stands de goodies ennemis pour s'emparer de leurs fans et défaire leur chef. Clémentine, votre gratte, sera votre meilleure alliée puisque grâce à elle, vous pourrez effectuer des solos endiablés galvanisant vos hordes, invoquer votre Deuce armée jusqu'aux pare-chocs... Eddie Riggs sait jouer des solos qui feront littéralement fondre ses adversaires, ou même les électriser... Mener vos troupes à la victoire requiert un vrai talent de stratégie en temps réel, puisque si vous vous donnez à coeur perdu dans la bataille, seule la maîtrise de votre armée vous mènera à la victoire finale.
Burn mother fucker, BURN !
Les batailles de scène sont habilement maîtrisées, puisque dans un jeu "ouvert" mêlant action et stratégie en temps réel, il était aisé de se perdre dans un gameplay trop compliqué pour certains, trop facile pour d'autres... Pourtant, les commandes sont relativement simples et les combats rythmés. Vous pourrez faire appel à un pouvoir démoniaque permettant de vous voir pousser de jolies petites ailes et d'ainsi prendre de la hauteur, ce qui facilite les ordres sur le champ de bataille. C'est d'ailleurs ce sympathique mode de combat qui vous est proposé en multiplayer, à un joueur contre un joueur. Du côté beat'em all, votre panel de coup n'est pas mauvais non plus, sans être exceptionnel. Le souci étant la simplicité avec laquelle vous exécutez le peu de combos à votre disposition. Votre équipement, de la voiture à la hache Separator, évoluera lui aussi, mais sans aller bien loin. Il en résulte des combats qui deviennent répétitifs après seulement quelques heures, hélas. Mais curieusement, si le jeu n'a pas un fond terriblement intéressant, c'est bien dans sa forme que réside tout son attrait. Les clins d'oeil au monde du Metal sont excellents du début à la fin. Vous croiserez la route de
Rob Halford (
Judas Priest), ou encore d'
Ozzy Osbourne en Gardien du Metal et accessoirement vendeur d'améliorations en tous genres. La bande-son, est-il besoin de le dire, est absolument géniale, avec plus de 75 titres de groupes différents et non des moindres :
Black Sabbath,
Judas Priest,
Rob Zombie,
Motörhead... Si le thème de l'histoire est bâteau, elle est pourtant terriblement bien écrite, avec ses références, son humour omniprésent et son ambiance unique. Techniquement un peu faiblard, le tout est pourtant incroyablement bien rattrapé par un character design excellent et un univers absolument génial.