1999. Bordel, ça ne nous rajeunit pas. Treize longues années que Monsieur Tony Hawk squatte le monde du jeu vidéo après son apparition dans
Tony Hawk Pro Skater premier du nom sur PlayStation. Après avoir tout raflé et s’être imposé comme une référence au début des années 2000, la saga s’est peu à peu essoufflée pour retomber dans l’oubli total, alternant désormais entre opus passables ou simplement mauvais. Désireux d’arrêter les frais, les petits gars de chez
Activision ont eu la bonne idée de surfer sur la vague des remakes HD en nous balançant cette réédition sur les services de téléchargement en ligne des consoles. Simple trip nostalgique ou véritable retour sur le devant de la scène du grand Tony Hawk ?
“Papa, Papa, regarde comme je saute haut !”
Quel meilleur moyen pour un éditeur que de se sortir du bourbier en faisant appel à ses anciennes gloires plutôt que de tenter l’innovation ? A force d’enchaîner les épisodes exécrables sur plus ou moins toutes les consoles, voir
Activision lancer ce remake de
Tony Hawk’s Pro Skater HD n’est en rien surprenant. Plutôt que de crier au scandale, c’est avec curiosité que nous avons attendu cette réédition, l’éditeur nous promettant de condenser en un seul soft le meilleur des deux premiers épisodes. De quoi faire saliver les fans de la première heure et mettre en appétit ceux qui n’y auraient pas goûté à l’époque, tant on sait à quel point les deux titres étaient de qualité au moment de leur sortie. Pour cela, les mecs ne se sont pas foutus de notre gueule, bien au contraire. Parmi les sept environnements - bon d’accord, SEPT environnements, ils se sont foutus de notre gueule - on en retrouve trois issus du premier épisode et quatre de sa suite. Warehouse, Mall et Downhill Jam pour la version 1999, Venice Beach, le Hangar, l’Ecole et Marseille pour 2000. Les connaisseurs apprécieront, puisque la qualité est au rendez-vous. Si toutes les maps ont connu un ravalement de façade, façon cure de botox intensive afin de leur filer une seconde jeunesse, les développeurs ont visiblement tenu à ne pas les modifier afin de conserver les sensations originelles. Ah, on me dit dans l’oreillette qu’il pourrait également s’agir d’un gros coup de flemme et d’une volonté de se faire du blé facilement. Allez, on est mauvaise langue, signalons quelques petits changements au niveau du casting avec l’arrivée, entre autres, du fils de Tony Hawk ainsi que les avatars sur Xbox 360.
Prévoyez la dose de Mercurochrome
Pour rester dans l’idée du délire nostalgique, les petits gars de chez
Robomodo ont décidé de reprendre tout ce qui a fait le succès du soft. Le mode Carrière n’a donc pas changé d’un iota, au détail près que les fameuses cassettes secrètes ont été troquées contre des DVD secrets. On n’arrête pas le progrès ! A côté de ça, on retrouve les lettres S-K-A-T-E à récupérer un peu partout sur les cartes, les tricks à claquer à des endroits précis, les objectifs score, etc. Il faut reconnaître que la nostalgie vient nous picoter le bout du nez par moments tellement c’est émouvant. Puis, finalement, c’est la moutarde qui nous monte au museau quand on regarde un peu plus en profondeur. Si les fans des joutes en ligne apprécieront l’arrivée d’un mode dédié, comment ne pas piquer une crise en voyant que le multi en local a purement et simplement été supprimé ? Exit les joutes verbales entre potes bien calés au fond de son canapé donc, il faudra nécessairement s’orienter vers le online pour avoir le droit d’humilier le monde à coups de kickflips ravageurs. Et là encore, nouvelle déception : si on retrouve avec plaisir les modes Graffiti et Trick Attack, on ne peut que s’interroger sur l’absence du mode Horse, ce simili-pendu qui faisait gagner une lettre au joueur réalisant le moins bon score sur un spot. Le premier à récupérer toutes les lettres du mot Horse perdait la partie. Bref, du fun en barre qu’on aimerait retrouver ! Peut-être dans un DLC à venir prochainement ?
Activision pourrait le faire, l’éditeur ayant d’ores et déjà annoncé qu’un contenu
Tony Hawk’s Pro Skater 3 serait de la partie au prix de cinq euros. Nouvelles cartes, mais également implémentation dans le gameplay du revers, permettant d’enchaîner toujours plus de figures pour des scores impressionnants. Sympa, mais voilà qui amène tout de même le prix global du soft à quasiment vingt balles, soit (certainement ?) trop pour un trip nostalgique.
Côté réalisation, si les textures ont été retravaillées par les équipes de développement, on leur reprochera une fois de plus d’avoir bâclé le travail et de s’être contenté du strict minimum. Si les bugs de collision passaient inaperçus - ou du moins, étaient tolérés - en 1999, la pilule a nettement plus de mal à passer aujourd’hui. Même constat du côté de la jouabilité, qui aurait mérité d’être quelque peu fluidifiée depuis le temps. On se retrouve avec la même rigidité qu’à l’époque, ce qui pourrait rebuter celles et ceux qui n’ont pas connu Tony avec son balai dans le cul de l’époque. Dommage...