Bioware, la trilogie
Mass Effect, un rachat par
Electronic Arts, NKB quittant le château après un mauvais prime… L'actualité vidéoludique autour d'un seul jeu n'aura jamais été si pressante depuis…
GTA IV,
Assasin's Creed ?
Manhunt 2 ?
Deus Ex III ? Bon, mauvais exemple, recommençons. Tiens,
GK's like : "
Mass Effect, cristallisateur précoce d'attentes de joueurs, n'est pourtant pas épuré d'une auréole maladive significatrice d'un engouement justifié et justifiable par les 100K de copies qu'il distribua outre-Atlantique en une semaine…" Non, c'est nul. Bon,
JV.com's like : "L'Homme, de par les millénaires de sa destinée doucereuse, a perpétuellement médité en lorgnant l'astre berceau du firmament, d'abord dans une optique naturellement religieuse, pour ensuite s'adonner avec idolâtrie à des songes de prépondérances interstellaires, ou d'autres destinées gisent hypothétiquement, sous les prunelles de toute une espèce, obnubilée par l'ignorance". Rah, c'est pire !
Jv.fr's like : "
Mass Effect, le test avec une Masse d'Effets". *suicide*
Voila, tout ça pour dire que les autres sites se foutent de votre gueule. Mais pas nous. Enfin, à moins que ça ait changé. Pour l'instant, quoi.
L'effet cosmobordélique
Dans un premier temps, avant de se jeter à corps perdu dans une aventure épique et galactique, le joueur, en toute logique, aura la possibilité de choisir son héros, physiquement, mais aussi de par ses capacités uniques qui le joncheront pendant toute l'aventure. Son apparence, premièrement, sera modifiable logiquement dès les prémices du jeu, par un éditeur assez puissant, fortement inspiré de celui de
Top Spin 2 : c'est-à-dire qu'on ne crée pas à proprement parler son personnage, mais on peut entièrement modifier les "modèles" (féminins et masculins) mis à disposition du joueur. Après, tout y passe, joues, nez, bouche, cicatrices, cheveux… Pour qu'au final, on puisse créer un protagoniste qui a de la gueule, mais qui, fatalement, ne sera pas aussi soigné graphiquement que le visage d'origine de Shepard, qui, justement, perd un peu de son charisme au fil des heures de jeu… Comme quoi, même un beau blanc aux yeux bleus, ça ne suffit pas pour devenir gay. On se consolera par ses spécificités, encore une fois sélectionnables et irréversibles, au tout début du jeu. Il faut comprendre que la classe de votre personnage le conditionne dans des pouvoirs précis, des avantages et des défauts, mais jamais il n'aura la prétention de devenir un gros bill maîtrisant toutes les possibilités. Pour faire court (car il existe des genres intermédiaires entre deux modèles), on aura le choix entre trois grands types de joueurs : le soldat, habile aux armes conventionnelles et très résistant par sa capacité à porter diverses armures ; le biotique, qui peut manipuler des champs gravitationnels puissants pour prendre clairement l'avantage dans les batailles, mais qui ne maîtrise - bien - ni les armes "académiques", ni les grosses armures ; puis l'ingénieur, maîtrisant un peu les armes à feu, pas du tout la biotique, mais spécialisé dans le hacking, la technologie, les soins et les diverses spécialités électroniques en combat. Dès lors, après ce choix, toute la progression par niveaux sera dirigée dans une seule direction, visant à vous perfectionner dans votre voie, sans jamais s'ouvrir aux autres.
"Mass Erect"
22ème siècle, l'Humanité s'est enfin ouvert les portes de la conquête spatiale et des voyages intergalactiques grâce à la découverte de vestiges sur Mars recelant une technologie des plus avancées, créee par des êtres visiblement maîtres incontestés de l'univers, mais aujourd'hui totalement disparus.
Mass Effect ne s'établit clairement pas, comme bon nombre d'œuvres de SF, dans une spirale de banalisation des faits qui, aujourd'hui, demeurent le rêve de nombreux scientifiques. L'histoire insiste clairement sur le fait que la découverte de cette technologie subsiste "récente", que les êtres humains ont pu constater qu'ils n'étaient pas les seuls dans la voie lactée et surtout pas les plus intelligents ou les plus puissants. Et, assez véridiquement, le soft de
Bioware démontre que ces mêmes humains n'ont en rien perdu de leur soif de pouvoir, ceux-ci sollicitant chez quasiment toutes les espèces extraterrestres un dégoût assez profond. L'humain est vu comme celui qui n'a qu'une ambition : conquérir l'univers, et cette réflexion est loin d'être infondée. De ce fait, constamment, en jouant, on rencontrera des PNJ au comportement assez "raciste" envers les humains, une forte crainte, motivée par l'ascension politique impressionnante de l'espèce terrienne dans les échelons intergalactiques dictés par le "Conseil", la fédération des hauts représentants des races les plus respectées. C'est dans ce contexte que démarre le soft, avec l'attaque d'une colonie terrienne, Eden Prime, par un extraterrestre extrémiste, Saren, membre du S.P.E.C.T.R.E, des soldats au dessus des lois censés représenter l'élite galactique, et dont il n'existe à l'instant aucun élément terrien. Jusqu'à la nomination du commandant Shepard, chargé pour l'occasion de pourchasser - avec son vaisseau le Normandy - Saren, dont les intentions sont beaucoup plus belliqueuses qu'il n'y parait depuis son alliance avec les Geth, une armée d'Intelligences Virtuelles pas très propices au melting-pot. Bon, dit comme ça, c'est sûr, ça a l'air ultra-banal, mais il est assez difficile de s'aventurer sur la trame de
Mass Effect sans spoiler. Sachez juste que le soft commence doucement, puis un énorme coup d'accélérateur surgit et là, on ne décolle plus du siège jusqu'à la fin du jeu, sans doute une des plus impressionnantes de ces 5 dernières années. Il faut le voir pour le croire.
Et pour y goûter, il faudra abandonner environ 15-17 heures de jeu *sic* à la trame principale et plus qu'une quarantaine pour les quêtes secondaires. Je pense que tout le monde aurait préféré le contraire… Surtout que la plupart des aventures annexes se limitent à "mon chienchien Shepard, va sur cette planète, rentre dans le seul bâtiment modélisé, dézingue trois gars et appuie sur A face à ce que je t'ai demandé d'aller chercher", bien qu'il en existe – heureusement – des bien plus élaborées et jouissives à jouer. Souvent, on aura même le choix d'enfreindre la loi ou pas, par des missions pas très philosophiques, mais rapportant toujours gros en argent et en expérience. Les prescriptions principales, qui influencent la trame, sont elles beaucoup plus sophistiquées et subtiles, bien plus longues, scénarisées, où il faudra toujours faire des choix cruciaux. Mais leur déroulement est somme toute assez banal et se base sur l'exploration, la recherche, l'investigation, puis le dézinguage… dont on ne se lasse jamais. Mais foncièrement, tout s'introduit d'une façon commune : vous êtes à bord du Normandy, votre vrai QG, et il vous sera libre de choisir un cap, parmi de nombreuses planètes, habitées ou non. Lors des quêtes, la progression sur les mondes inconnus se fait par véhicule, le Mako, armé, mais dont le gameplay a été totalement raté, gâchant un peu la progression sur des planètes de toute façon totalement vides. Dès lors, on prendra sciemment beaucoup plus de plaisir à simplement se renseigner sur cet univers réfléchi de fond en comble, introduisant à merveille les prochains épisodes. Que ce soit la multitude d'espèces extraterrestres, leur character design, leurs histoires, caractères… le travail de fond accompli par
Bioware est vraiment des plus impressionnants, tout en étant parfaitement expliqué par des "tutoriaux" écrits et oraux qui se mettent constamment à jour en fonction de l'avancée dans le jeu. Saisissant.
"I'll find some way to take him down"
Côté combats, l'équipe de développement n'avait vraisemblablement pas le choix, il était impossible de reproduire le système délecté dans
Kotor, ni d'opter pour un classicisme qui aurait rendu le jeu complètement mou, il fallait admettre l'intérêt du principe de combat à la mode des Third Person Shooters (c'est-à-dire, "je fais campette à couvert dans mon coin, envoyant mes coéquipiers à la mort"), qui dynamiserait les affrontements, tout en les rendant plus "accessibles" aux néophytes. La gestion de la difficulté et des agissements des alliés, à tout moment modifiables dans le jeu, en est un exemple parfait. Alors certes, caricaturalement, les combats de
Mass Effect s'apparentent à ceux d'un
GRAW : couverture, épauler son arme, tir à couvert, ordres simples aux coéquipiers (suivez-moi, allez ici, cessez le feu, attaquez)… Tout en s'imposant comme carrément plus complexes, étant donné qu'il n'est possible que de transporter un nombre très limité de soins, qui ne peuvent être utilisés quand on le souhaite. Alors forcément, ces joutes s'introduisent lors des premières heures comme pas franchement immersives, on y comprend pas grand-chose malgré la simplicité du processus. Et c'est seulement après une adaptation claire et précise des capacités de son personnage qu'on arrive à soutirer toute la quintessence des conflits entre races galactiques, car maîtriser son héros, c'est savoir où il demeure bon, et où il l'est beaucoup moins, laissant ces besognes aux alliés, qui, eux, y sont qualifiés. De ce fait, les combats deviennent tactiques, d'autant qu'en bon chef d'équipe, il vous sera possible d'absolument tout contrôler chez votre petite escouade. Leurs armes privilégiées en combat, leur équipement, leurs aptitudes (choix entre une autonomie de l'IA, ou l'obligation du joueur à ordonner à chacun ce qu'il doit faire) et aussi de gérer leur propre système d'évolution.
Il faut dire que dans
Mass Effect, l'XP prend vraiment un sens logique et ne se limite plus aux combats contre des ennemis plus ou moins puissants. Ici, Shepard (et tous ses coéquipiers) peuvent engranger de l'expérience d'une multitude de façons différentes, comme en fouillant partout, ou en déverrouillant des serrures sécurisées, en accomplissant une quête, ou simplement en parlant à quelqu'un en organisant son discours. De la sorte, non seulement le joueur n'est jamais cerné à ne jamais évoluer lors des phases où les combats n'ont pas lieu d'être, mais cette facette du jeu engendre d'énormes satisfactions en privilégiant les curieux aux bourrins. Qui, une fois l'XP récoltée en masse, devront répartir des points de capacités, attribués à chaque passage d'un niveau, sur des points précis (par exemple : Pistolet, Fusil d'Assaut, Fusil de Précision, pour le Soldat) débloquant des capacités spéciales une fois un certain nombre de "cases" remplies, ou des nouvelles possibilités d'équipements. Sur ce point justement,
Bioware n'aura pas fait les choses à moitié. Comme d'habitude, chaque arme et armure possède forces et faiblesses et peut être personnalisée par des "mods" mélioratifs (exhaustivité totale ici, avec des stabilisateurs, des crosses, des dissipateurs, une flopée de munitions différentes ayant chacune des répercussions propres…), anecdotiques au début, mais pourtant essentiels au fur et à mesure que la trame se développe, conjointement aux combats… On ajoutera à cela les nombreuses upgrades achetables (débloquer de nouveaux "ports" pour grenades, ou soins) et surtout le tsunami d'armes et autres armures qui passeront sous les yeux de Shepard au cours du jeu. On en est vraiment submergé, du début à la fin, et comme le menu ne peut supporter plus de 150 objets différents, on passera une énorme partie de son temps à tout revendre, ou à tout convertir en Omni-Gel (servant à réparer toute sorte de choses, ou à ouvrir divers casiers colmatés).
Let's talk about sex, baby
Véritable porte-étendard des nombreuses subtilités du gameplay, et figure emblématique des jeux
Bioware, la gestion des dialogues dans
Mass Effect, en plus de représenter plus d'un bon tiers du jeu, ne fait pas dans la demi-mesure tant sa qualité innovatrice et logique n'a aujourd'hui aucun égal dans l'univers connu, rien que ça. Pourtant, cette feature repose sur la plus simple base qui soit : les choix. Lors d'un dialogue type, après l'intervention de votre interlocuteur, il vous sera – généralement – proposé 3 choix, dont logiquement : un neutre, un prônant le pragmatisme, l'autre la conciliation. Et ces choix influenceront sur la personnalité générale du commandant Shepard, tendant vers l'agressivité donc, ou la courtoisie. Bien sûr, chaque option de dialogue influence celui-ci, menant son issue dans une direction parfois cruciale, surtout que les choix cornéliens dont vous aurez à vous défaire sont particulièrement cruels : trancher sur la vie ou la mort d'une personne, même dans un jeu, ça fait toujours son petit effet, notamment quand la préférence est irréversible. On notera aussi que la progression de votre protagoniste dans des domaines précis lui fera multiplier ses options de dialogue et, par exemple, certains conflits - où il vous faudra raisonner une personne - peuvent virer au drame si Shepard n'a pas le niveau suffisant pour débloquer une réplique qui se serait avérée salvatrice. Frustrant au premier point, mais indispensable pour la rejouabilité du titre. D'autant qu'on ne se lasse jamais, du début à la fin du jeu, des indénombrables conversions dont est orné
Mass Effect, c'en est proprement hallucinant. Absolument toutes les interactions avec les personnages sont doublées, pas une ligne de transcription écrite, tout est oral, et il y en a pour des dizaines d'heures, étant donné les alternatives du jeu (et dire que certains voyaient le format DVD fini…). Le tout travaillé d'une manière incroyablement professionnelle par les francophones prétants leurs voix. Oui, la VF de
Mass Effect tue, poutre, roxxe, aucune espèce n'est ridicule, aucun doubleur ne s'est shooté aux stéroïdes, c'est simplement inconcevable, comme trop beau. En conséquence, on ne se plaindra même pas de l'absence de la version originale sur la galette. Vraiment.
The true GOTY ?
Graphiquement, et d'un point de vue uniquement technique,
Mass Effect n'impressionnera personne, c'est un fait, malheureux, mais incontestablement avéré. Certaines textures ne manquent pourtant pas de détails (la Citadelle entière, dans son architecture, par exemple), mais les environnements, dans leur globalité, peinent à afficher moult détails fourmillants, pourtant si itératifs dans les jeux Next Gen. De ce fait, le soft parait assez vide et les nombreuses planètes visitables qui jonchent la voie lactée ne feront que confirmer cette impression. On n'y trouvera que des plaines et des montagnes, tandis que les bâtiments à explorer demeureront perpétuellement les mêmes, variant uniquement par leur agencement intérieur, ce qui discrédite un peu les nombreuses quêtes dites d'exploration-action sur des terres extraterrestres. Un mal vite disséminé par la précision des modélisations des divers personnages du jeu, d'un niveau proche du photoréalisme, et aux animations faciales stupéfiantes. Cependant, le regret principal relatif à la réalisation de
Mass Effect concerne, un peu fatalement, l'optimisation générale du titre de
Bioware Corp, qui, pour ne pas faire dans la demi-mesure, est simplement à chier. Ca rame donc, beaucoup même et surtout, tout le temps. La faute à un
streaming pas vraiment au point, affichant les textures toujours en retard et créant des chutes de framerate et autres
loadings inopinés, et inéluctables. A vrai dire, lors des "gros" affrontements, il ne sera pas rare de voir les fps tomber sous la barre du jouable, dégoutant un peu plus de ces combats qui, pourtant, recelaient déjà d'un nombre de défauts bien conséquents.
Fort heureusement,
Mass Effect ne rate pas le coche de la bande-son, ici vraiment rafraîchissante, prônant un côté épique via des compositions assez cuivrées, mais bien dans le ton d'un univers SF. Si on fera l'impasse sur la qualité de la VF - je le répète, inattaquable -, on prendra néanmoins le temps de stipuler que la localisation comporte son degré de défectuosités, pas gênantes pour un sou, mais bel et bien présentes. Il arrive justement, quelquefois, que certains ennemis, lors des combats, ripostent vocalement en anglais, puis immédiatement en français, sans que l'on sache vraiment pourquoi. Ou alors le fait que certains doubleurs auraient pu "masquer" avec plus d'implication leurs voix, afin que le joueur un peu attentif ne se surprenne pas à surprendre le même organe chez un bon nombre de personnages différents… Côté exploration, les impatients risquent quant à eux d'être promptement surmenés, car, défaut ou pas, il vous faudra toujours effectuer des trajets – à pieds – longs et barbants pour des taches pourtant pas des plus réjouissantes (retourner au Normandy lors des missions, par exemple). Des détails donc, qui font un peu crisper l'œil lorsqu'on les croise, mais qu'on oublie très vite : c'est souvent la marque des grands jeux. Car oui,
Mass Effect a sa place indéniable dans n'importe quelle ludothèque de joueur Xbox 360, pas allergique à l'univers SF, et possédant une pointe d'imagination assez conséquente pour se laisser emporter par le monde galactique du soft de
Bioware, qui, encore une fois, a tout pour plaire.