Test : The Elder Scrolls III : Morrowind - Xbox

The Elder Scrolls III : Morrowind - Xbox
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L’attente fut longue, mais voici enfin débouler cette référence du jeu de rôle PC sur nos télés. C’est un genre peu représenté sur console et son adaptation peut faire s’interroger sur la viabilité et l’ergonomie d’un tel titre sur nos plate-formes ludiques. Morrowind saura-t-il séduire autant de fans sur Xbox que sur PC ?
Préalablement, voici quelques mots : Le jeu de rôle consiste à manier un personnage ou un groupe de personnages à travers un univers peuplé de quêtes, d’objets magiques, de vilains à pourfendre, de gentilles princesses qui… enfin, vous m’avez compris. L’intérêt restant de faire évoluer ses personnages à travers un système de points d’expérience gagnés par le mérite de vos actions. Si de nombreux jeux ont abusé de cette appellation et transformés le JdR en Doom-like à la troisième personne (meuh non, il s’agit pas de Diablo…), l’équipe de Bethesda Softworks, fondée en 1986, s’est donnée pour ambitieux objectif de recréer un univers virtuel interactif où la liberté de choix du joueur serait dépendante uniquement de ses actions. Séduisant, non ? L’univers de Bethesda a été inauguré en 1992 par la sortie de The Elder Scrolls : Arena puis en 1994 par Daggerfall. Pour cette suite, on sait désormais que le jeu sera moins vaste mais d’une qualité graphique somptueuse et poussée. La Xbox se prêtait donc à une conversion du titre. Le joueur pourra donc tranquillement, sur son canapé, parcourir les étendues de Morrowind.

Que vaut la conversion ?

Si la qualité graphique est au rendez-vous, il n’en demeure pas moins que la Xbox reste en deçà des performances de nos chers vieux PC. Cela révèle l’extrême lourdeur du moteur graphique et la difficulté évidente de générer des environnements vastes. La conséquence sera des temps de chargements insupportables et quelques bugs (rares) dans le fonctionnement. Heureusement, le jeu ne souffre d’aucun problème de fluidité. La grande joie sera de découvrir que le jeu a été corrigé (portage oblige) des bugs majeurs qui l’handicapait à sa sortie sur PC. En effet, chaque chapitre des Elder Scrolls a eu le mérite de faire partie des jeux les plus buggés. On constatera peut-être quelques problèmes de collision par-ci par-là mais rien de bien gênant. Le seul véritable problème reste dans la gestion des ombres : c’est une catastrophe ! Ne soyez pas surpris d’apercevoir une ombre gambader loin de son possesseur légitime et ne cherchez pas la votre, vous n’en avez pas ! C’est ce qui m’amène à la remarque suivante : Morrowind ne comporte pas d’améliorations par rapport à ses autres versions. D’habitude les portages bénéficient d’un traitement « de faveur » : un léger lifting, des bonus… là rien ! Une variation Xbox simple et dépourvue d’autres arguments que le fait que le jeu règne en maître dans sa catégorie…. pour l’instant (voir preview de Fable). On aurait pu espérer notamment de meilleures animations des personnages, défaut constaté déjà dans les preview PC et une correction de la vue externe ; inutile si ce n’est pour admirer votre personnage.

Mais ne soyons pas si négatifs !

Le gameplay reste simple et efficace : les HUDs sont au nombre de trois et indiquent vos points de vie, vos points de Magika et votre fatigue. Ces paramètres influeront en permanence sur l’état de votre personnage. Les joueurs confirmés ainsi que les nouveaux n’auront pas de mal à se diriger avec l’interface qui reste accessible et intuitive à travers les différentes manettes de la console. A noter qu’une souplesse plus importante se manifeste avec le gros pad. Vous aurez droit à un écran d’inventaire, une feuille de personnage, une feuille de sort. Traditionnel et coutumier. Le gros problème se trouve ailleurs : les combats sont imprécis et aléatoires ! Si les trois coups dont vous disposez sont simples à réaliser, vous ne bénéficierez pas de coups spéciaux à votre classe, ni de combos. Les dégâts ne sont pas représentés visuellement et la distance de contact et la portée des armes bien trop approximative. On s’ennuie vite à combattre et même si l’intérêt du jeu porte vers d’autres horizons, on regrette que cet aspect, si commun et courant, n’ait pas été innovant ni même corrigé des erreurs de la version PC.

Liberté d’action ou exploration dénuée de sens ?

On prendra grand plaisir à concevoir son personnage à travers une méthode qui vous plonge directement dans Morrowind et vous fait expérimenter progressivement les premiers contrôles du jeu. Votre héros n’aura de limite que votre imagination et vous aurez le choix de choisir jusqu’à son signe astrologique ! De plus, pas la peine d’optimiser, les personnages présenteront chacun des avantages et des défauts complémentaires et créer d’étonnants contrastes ajoute de la saveur au jeu sans en diminuer la difficulté, la progression se faisant rapidement.
La liberté de jeu est complètement respectée mais se trouve entachée de plusieurs imperfections : cela signifie que vous pouvez commencer et arrêter n’importe quelle tâche, même la quête principale sans que rien ne vous rappelle. Le monde se passe de vous. De fait, on se sent peu concerné par l’intrigue qui se résume à tuer le méchant en devenant l’être élu.
Elle confine même à l’agacement car on passe des heures à chercher vainement un lieu quelconque sans succès. Autre point noir, les dialogues : Morrowind est un livre ! En tout cas il faut l’aborder en tant que tel. L’interface vous propose un certain nombre de sujets et votre participation (et donc votre influence sur les réponses) est limitée. En fait, il s’agit d’un « amas » de scripts qui se répètent indistinctement du personnage interrogé. Pour le joueur attentif, certains PNJs vous donneront des informations relatives à des évènements situés aux confins du monde ! Malgré tout, le monde de Morrowind est extrêmement complet et détaillé.
Les textures tout en relief et modélisés parcelles par parcelles évoluent en fonction de la région. La météo n’a pas d’influence sur votre personnage mais change souvent tandis que les étoiles et les constellations apparaissent au clair de lune une fois la nuit tombée.
Si Morrowind est un tantinet figé et peut rester décourageant, pour pouvoir exprimer tout son potentiel narratif, il se réserve à un public légèrement intellectuel aimant les épopées médiévales et légendaires.
Incontestablement Morrowind est un jeu de qualité qui procurera par sa durée de vie hallucinante, un plaisir de jeu recherché. Mais d’évidents défauts toujours pas corrigés l’empêchent d’atteindre des sommets, d’autant que la sortie de Fable se rapproche à grand pas et semble proposer un jeu plus évolutif. Morrowind n’ose donc pas s’affranchir du passé et se contente d’actualiser un principe qui, malgré tout, a fait ses preuves. On regrette que les fonctionnalités musicales et le Xbox Live ne soient pas venus ajouter un « plus » made in Microsoft.
18 mars 2003 à 23h00

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Points positifs

  • Un monde vaste
  • De nombreuses combinaisons de personnages

Points négatifs

  • Un univers figé
  • Un système de combat approximatif
  • Une histoire linéaire et peu passionnante
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